Accueil Actualités Non-assistance à personne en danger : Sauver plutôt que filmer !

Non-assistance à personne en danger : Sauver plutôt que filmer !

décès Adam Boulifa

Il est inadmissible que certains témoins de la scène qui, au lieu de venir en aide ou d’alerter les secours, ont filmé ce qui se passait pour s’empresser de le publier sur les réseaux sociaux. Ne s’agit-il pas là d’un délit de non-assistance à personne en danger ? En tout cas en regardant ces vidéos publiées sur les plateformes numériques, on s’aperçoit que si les personnes présentes avaient pris la peine de défendre et d’aider la victime, ce drame aurait pu être évité.

A l’ère des réseaux sociaux, où la publication de photos et de vidéos se transforme en un moyen pour se faire remarquer et récolter des interactions numériques parfois insignifiantes, la vie humaine semble avoir perdu sa valeur et l’humanité se place parfois au second plan, face à l’émergence d’un modèle de communication bâti sur ce qu’on appelle le buzz et le sensationnalisme.
La mort suspecte du jeune Adam Boulifa dans un restaurant-bar de Tunis vient confirmer cette triste réalité. Sur les réseaux sociaux, les vidéos qui témoignent de son agression par les portiers et les serveurs montrent également une foule de fêtards passive qui ne faisait que regarder Adam subir les coups en tout sens avant d’être conduit de force dans un autre lieu isolé où il a trouvé la mort dans des circonstance peu claires.
Ces vidéos, filmées par des amateurs qui auraient pu également porter secours à ce jeune pour éviter le pire, témoignent d’un comportement inhumain adopté par les personnes qui étaient présentes le jour du drame. Car, en effet, il est inadmissible que certains témoins de la scène qui, au lieu de venir en aide ou d’alerter les secours, filment ce qui se passait pour s’empresser de le publier sur les réseaux sociaux pour faire le buzz!
Ne s’agit-il pas d’un délit de non-assistance à personne en danger ? En tout cas en regardant ces vidéos publiées sur ces nouvelles plateformes numériques, on s’aperçoit que si les personnes présentes avaient pris la peine de défendre et d’aider la victime, ce drame aurait pu être évité.
En général, tout délit d’omission grave de conséquence est qualifié de non-assistance à personne en danger, c’est en tout cas ce qui ressort de la loi tunisienne. C’est aussi le manquement à une obligation de prudence ou de sécurité, s’il est établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences nécessaires afin de prévenir tel ou tel danger. Ces personnes présentes auraient pu, au moins, alerter la police, car le drame était prévisible, au vu des agressions que subissait la victime qui était à terre.
En effet, dans la juridiction tunisienne, cette abstention volontaire de porter secours à autrui est punissable. «Sera puni de cinq ans d’emprisonnement et dix mille dinars d’amende quiconque, pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un fait qualifié crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne, s’abstient volontairement de le faire. Sera puni des peines prévues à l’article précédent quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours, si, faute d’être secourue, cette personne a perdu la vie, souffert un préjudice corporel ou subi l’aggravation de son état», stipule, dans ce sens, la loi tunisienne relative à l’abstention délictueuse
Si cette loi concerne en premier lieu les médecins ou tout autre agent de métier qui refusent sciemment de porter secours à des malades ou des blessés en péril, elle s’étend aussi à tous ceux qui par leur refus de porter secours à une personne mettent sa vie en danger.

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